Le Japon des 5 sens avec David, photographe reporter et créateur du magazine photo Gokan

Depuis une vingtaine d’années, David Michaud sillonne le Japon comme photographe reporter. Il est auteur de nombreux livres et créateur des visites guidées originales : Tokyo Safari. En 2020, en pleine crise sanitaire rendant impossible les voyages vers l’archipel, il lance la revue photo Gokan, qui nous fait découvrir « le Japon des 5 sens ». Dans cet entretien, il revient sur son parcours et sa vie au Japon, et nous parle de son actualité bien chargée : sa chaîne Twitch, sa collaboration au livre du Youtubeur Ichiban Japan, et les prochains numéros de son magazine.


David, peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

Je m’appelle David Michaud et j’ai grandi dans un petit village de Charente à la fin des années 1970, début 80.

A l’origine, je suis dessinateur industriel. J’étais passionné par les effets spéciaux, je voulais construire des animatroniques (robots dédiés au divertissement et cinéma), et je me suis retrouvé dans le milieu industriel à fabriquer des robots… industriels… c’était beaucoup moins passionnant que ce que je rêvais !

Pendant mon service militaire, j’avais réussi à entrer à l’ECPA (Établissement Cinématographique et Photographique des Armées) ; c’est une longue histoire -que je raconterai peut-être lors d’un prochain live sur ma chaîne Twitch !-, mais la façon dont je suis arrivé dans cet établissement est rocambolesque… Beaucoup ont pensé que j’avais été pistonné mais j’avais fait un dossier interactif sur CD-rom -très rare à l’époque- et vendu une carte graphique au Général du Fort !

Je me suis vite fait remarquer ce qui m’a permis de quitter le milieu industriel pour celui du journalisme où j’ai pu côtoyer des reporters de guerre, des cameramen, des écrivains, des photographes…
J’étais dans la section de création 3D et Internet. L’ECPA cherchait à moderniser ses moyens de communication, on était en 1998 et il y avait peu de personnes avec ces compétences. De mon côté, j’avais déjà créé un site internet basé sur le Japon dès 1997 !

En fréquentant tous ses professionnels du milieu journalistique, j’ai commencé à m’intéresser à la photographie ; en 2000, j’ai même lancé un site web où je proposais des reportages photo sur la ville de Paris. En parallèle, j’étais devenu directeur artistique dans une SSII puis indépendant pour les médias, chaînes de télévision et autres entreprises du CAC40.

A l’époque, j’habitais à côté du 13ème arrondissement de Paris connu pour son quartier chinois, ce qui m’avait donné l’envie de partir en Chine pour y réaliser un reportage photo, mais je rencontrais des difficultés pour obtenir un visa.
Un ami marié à une Japonaise m’avait soumis l’idée de me rendre plutôt au Japon, vu que j’étais passionné par la culture japonaise. On était au début des années 2000, et il n’existait pas encore de guide de voyage sur le Japon traduit en français ! Mon ami qui connaissait bien le pays m’avait alors organisé un circuit classique : Tokyo, Kyoto, Hiroshima, Miyajima et Osaka ; j’avais ajouté Ohara située à 45 minutes de la Kyoto Station car je voulais aussi voir la campagne… ce qui m’a permis de me plonger dans l’univers de Miyazaki, un vrai voyage chez Totoro !

Que peux-tu nous dire sur ce premier voyage au Japon ?

J’étais parti avec le besoin de faire une pause au niveau professionnel, et lorsque je suis arrivé sur place, j’ai découvert un autre monde !

J’avais décidé de parcourir les villes en rollers et je me suis vite rendu compte que j’étais loin de l’image d’Epinal du Japon que l’on véhiculait dans l’hexagone à l’époque : des « buildings » partout, une véritable fourmilière, des gens qui se suicident, des salary man, des geishas, des Japonais qui ne parlent pas d’autres langues que la leur -une légende qui perdure !-… Mais tous les stéréotypes que j’avais sur les Japonais se sont vite écroulés.

Ainsi, la première personne à m’adresser la parole était une Japonaise que j’avais rencontrée dans le train depuis l’aéroport, qui parlait français et qui m’avait indiqué la direction pour rejoindre mon ryokan (auberge traditionnelle) situé à Ueno… Arrivé dans ce quartier, deuxième choc : mais où étaient les immeubles ?! J’étais dans un immense parc en pleine nature avec des écolières qui dansaient sur de la J-Pop ! Et, j’avais d’abord cru qu’il y avait un camping en plein centre de Tokyo, mais le parc de Ueno était en fait le refuge des sans-abris…

Au cours de ce voyage, j’allais de surprises en surprises ! A cette période, les réseaux sociaux n’existaient pas et vu de France, nous n’avions pas idée de la « vraie » vie quotidienne des Japonais.
A Ohara, j’étais hébergé dans un ryokan perdu en plein milieu des rizières qui n’était illuminé que par quelques néons ; j’avais l’impression d’être dans un film !
On était pendant la période des matsuri (festivals traditionnels) et j’avais loupé les fameux sakura (les cerisiers en fleurs), mais personne n’en parlait à l’époque !

Qu’as-tu décidé après ce séjour au Japon ?

Je me suis dit qu’il fallait que j’y retourne et que je fasse des reportages photo pour montrer la vérité ! J’ai fait de la pige pour plusieurs magazines… mais je voulais surtout développer mon propre projet.
Je revenais au Japon tous les six mois, j’explorais le côté naturel et les grands paysages, mais ce qui intéressait les gens à l’époque, c’était plutôt le Japon des innovations technologiques.

Après la création de mon blog LeJapon.fr en 2005, tout à changé ! C’était l’avènement des blogs et le début d’un marché et de la communication sur le Japon. J’étais très pris par mon travail de directeur artistique en freelance, par mon activité de photographe ainsi que par ce blog.

A quel moment es-tu venu t’installer au Japon ?

J’étais en contact avec un Français, propriétaire de magazines high-tech tels que Akihabara News qui m’avait proposé de venir vivre au Japon pour travailler pour lui en tant que photographe.
C’était compliqué car j’avais mon activité de freelance en France, et entretemps j’avais rencontré ma femme -japonaise- qui vivait depuis dix ans à Paris, on avait un enfant en bas âge… C’était beaucoup de responsabilités de quitter cette vie.
Avec ma femme qui adorait pourtant vivre en France, nous avons finalement saisi cette opportunité et avons déménagé au Japon en 2007.

De quelle manière as-tu vécu ce changement de vie ?

Lors de mon premier voyage, j’avais eu un déclic : le Japon était le pays qui me correspondait le mieux !
Plusieurs aspects comme le fait de pouvoir circuler à vélo dans Tokyo, la propreté, la technologie… me convenaient bien. Le seul bémol était la maîtrise de la langue.
J’avais pris des cours mais je n’ai jamais été studieux ; tout comme pour la photographie, j’ai toujours mieux appris en étant sur le terrain !

Tu es l’auteur de nombreux livres sur le Japon… Peux-tu nous en dire plus ?

Deux ans après notre installation au Japon, j’ai sorti mon premier livre « Japon » aux éditions Chêne, qui a eu beaucoup de succès et qui a été réédité plusieurs fois jusqu’à l’arrêt de sa publication en 2020, les livres de voyage n’étant plus vendeur avec l’arrivée de l’épidémie de Covid-19.

Suite à un désaccord avec mon employeur concernant la publication de ce premier livre -qui a mis fin à ma vie de salarié au Japon-, je me suis lancé comme auteur en freelance. Tous les six mois, je publiais un nouveau livre !

J’ai publié plus d’une dizaine de livres mais celui que je recommanderais est sans hésiter « JAPON 365 Us & Coutumes » qui a été édité pour la première fois en 2010, puis réédité en 2016 sous un autre format avec un nom différent « Coutumes du Japon ».

Il y a une petite anecdote concernant la réédition de ce livre… J’avais dû demander l’arrêt de l’impression en catastrophe : l’éditeur l’avait validé sans me demander mon avis et avait illustré cette réédition avec des références chinoises ! Les habits n’étaient pas des kimonos, les lampions étaient chinois… J’avais dû tout redessiner pour que les illustrations soient japonaises et non chinoises ! Par ailleurs, au verso du livre, le bol de riz était dessiné avec des baguettes plantées dans le bol, ce qui est un geste très mal vu en Asie (qui rappelle les rites funéraires) !!

A l’époque, nous étions peu d’auteurs à publier des livres sur le Japon. Mais malgré le succès, il faut savoir qu’en passant par une maison d’édition, on est malheureusement très mal rémunéré. Je percevais seulement 2% voir 4% des ventes de mes livres !

Tu es aussi guide touristique à Tokyo et créateur des Tokyo Safari. A quel moment as-tu eu l’idée de ce concept ?

Un jour, des amis qui étaient venus me voir au Japon, avaient sollicité mon aide pour que je leur montre « mon Japon » et ce qui m’inspirait en tant qu’auteur dans ma vie tokyoïte. Ils avaient suivi les recommandations de guides de voyage la semaine précédente et après deux jours passés avec moi, ils avaient l’impression d’avoir découvert une autre ville !
C’est à ce moment-là qu’ils m’ont donné l’idée de proposer des visites de Tokyo hors des sentiers battus. Mes abonnés sur mon blog étaient très enthousiastes de pouvoir me rencontrer et de découvrir un Tokyo photogénique. C’est ainsi que j’ai créé le concept des Tokyo Safari.

En 2010, au vu de son succès, j’avais commencé à embaucher des personnes pour agrandir mon équipe, notamment Yann Meunier que j’avais rencontré en France lors de ma première dédicace de mon livre « Japon » et avec qui j’avais sympathisé. Sa femme japonaise était pâtissière et souhaitait revenir au Japon pour exercer son activité.
Et puis la catastrophe de 2011 est arrivée

Comment as-tu vécu cette période ?

C’est une longue histoire pleine de péripéties… J’ai filmé tout ce qui m’arrivait pendant ce terrible tremblement de terre (qui a provoqué un tsunami puis l’accident nucléaire de Fukushima) : j’étais dans un magasin à Yokohama et tout s’écroulait autour de moi, j’ai cru mourir !
J’étais resté sans nouvelles de ma femme jusqu’au lendemain… C’était très angoissant car on voyait les gens mourir en direct à la télévision. Ce sont des images qui n’ont jamais été rediffusées car il est interdit de filmer ou photographier la mort au Japon (on ne doit pas « capturer » l’âme du défunt).

Finalement, pour nous éloigner de ce qu’il se passait à Fukushima, nous étions partis vers Nagoya… Et l’agence de voyage Vivre le Japon -aujourd’hui Japan Expérience– pour qui j’avais fait les photos de ses maisons de location et qui n’avait plus de clients à cause de la catastrophe, m’avait alors proposé de nous héberger dans l’une de ses maisons à Kyoto pour que l’on puisse se sentir plus en sécurité ! Je suis très reconnaissant de ce geste et je ne la remercierai jamais assez.

Qu’as-tu fait par la suite ?

J’étais désolé pour Yann à qui j’avais proposé un poste chez Tokyo Safari juste avant la catastrophe ; avec sa femme, ils avaient finalement décidé de s’installer à Hiroshima et nous avons créé ensemble les Hiroshima Safari.

Puis, j’ai rencontré Angelo Di Genova que tu as interviewé et qui venait de créer son agence de voyage ; quelques temps plus tard, on lançait les Osaka Safari.
Le concept Safari est aussi présent hors du Japon, à Taïwan avec Vincent Verdier !

© GokanMag.com / De gauche à droite : Angelo Di Genova – David Michaud – Yann Meunier

Les années suivantes ont très bien marché, et en 2018, j’ai fondé l’entreprise GOKAN (littéralement « 5 sens » en japonais) afin de structurer notre collectif car nous commencions à être nombreux. J’avais aussi pris des locaux dans le quartier de Nakameguro à Tokyo pour gérer plus facilement la structure qui s’agrandissait.
L’année 2020 s’annonçait sous de bons auspices avec les Jeux Olympiques qui devaient avoir lieu à Tokyo… mais l’épidémie de Covid-19 a malheureusement changé tous nos plans.

Comment avez-vous géré cette situation ?

Grâce à l’expérience de 2011, j’avais souhaité que l’on puisse anticiper les futures catastrophes. On avait diversifié nos activités et accepté d’autres projets comme des reportages photo en plus des visites guidées. Il fallait que chacun puisse aussi garder de l’argent de côté en cas de coup dur.
On a tenu bon, même si en mars dernier nous avons dû nous séparer de nos bureaux pour éviter des frais quotidiens importants. L’équipe garde contact, et nous espérons revoir l’activité touristique reprendre prochainement…

Au début de la pandémie, j’ai proposé de reprendre l’idée de créer un magazine que j’avais eu quelques temps auparavant, car je savais qu’il fallait absolument investir dans un autre projet. Tous les membres de l’équipe n’ont pas participé à la création de ce magazine car pour certains, c’était un domaine d’activité dont ils ignoraient tout, et d’autres préféraient attendre que le tourisme reparte.

Au final, nous avons créé GOKAN, un magazine photo sur le Japon des 5 sens avec des reportages, des rencontres et des paysages magnifiques. Nous avons édité cinq volumes à ce jour : Izumo, Ehime, Fukushima, Tokyo et Kyushu.

© GokanMag.com

Nous travaillons avec un spécialiste en histoire, Pierre Mustière qui a écrit le livre « Tokyo Insolite » et pour qui j’avais réalisé des photos. Il connaît bien l’histoire et la civilisation japonaise, et réalise toute la partie introduction de notre magazine.
Pour l’instant, nous arrivons tout juste à couvrir nos frais ; le volume dédié à Tokyo a eu beaucoup de succès comparé aux autres mais mon idée, c’est de faire découvrir autre chose du Japon… car Tokyo n’est pas le Japon !

Quels sont les prochains volumes que vous prévoyez de publier ?

Notre prochain volume sera consacré à Kyoto qui intéressera sûrement nos lecteurs avec son histoire impériale, sa spiritualité et sa rivalité avec la ville de Nara. Nous venons d’ailleurs de lancer un crowdfunding pour nous aider à le financer.

© GokanMag.com / Prochain volume dédié à Kyoto

Puis nous irons à Hokkaido avec la culture aïnoue, et enfin à Okinawa avec une approche toujours différente de ce que l’on a l’habitude de voir, axée sur la culture insulaire de cet ancien royaume et sur la plongée.

Nous avons enfin un distributeur en France, donc le volume consacré à Kyushu (ainsi que les anciens volumes) sont disponibles en librairie ! Attention le stock est très limité…

Travailler avec un distributeur en France nous permet d’avoir une meilleure visibilité et un bon réseau de distribution mais multiplie le nombre d’intermédiaires, et nous fait perdre de l’argent, avec en plus des fonds versés que six mois plus tard. C’est donc une bonne chose si GOKAN est présent en librairie, mais pour nos finances, je préfère que les lecteurs continuent de commander le magazine directement sur notre site !

Peux-tu nous parler de ta participation au livre d’Ichiban Japan « 72 saisons », qui doit sortir cet automne ?

Je m’occupe principalement de la direction artistique et de la maquette ; on travaille en étroite collaboration avec Guigui (Ichiban Japan), il y a beaucoup de travail engagé et je sais que ce livre sera un produit de qualité.
Au tout début, je lui avais conseillé d’éviter de faire la même erreur que moi en travaillant avec une maison d’édition qui ne te rémunère pas correctement. Guigui est en plus très exigeant et la relation créative risquait d’être conflictuelle avec un éditeur qui raisonne principalement financièrement !

S’auto-éditer était la meilleure solution pour lui, vu qu’il est suivi par plus de 350 000 abonnés sur YouTube ; sa campagne de crowdfunding a d’ailleurs très bien fonctionné. Par contre, le risque de ne pas être accompagné par une maison d’édition, c’est de ne pas réussir à maitriser toute la chaîne de production de l’édition, avec les coûts de production -qui ont explosé avec la spéculation/pénurie du papier en Europe- et de distribution. C’est pourquoi nous l’avons accompagné, fort de notre expérience avec nos publications.

Aujourd’hui tout est bien bouclé, et à moins d’une surprise de dernière minute, tout devrait se faire parfaitement.
Concernant le nom du livre « 72 saisons » , je lui avais proposé de mettre ce chiffre car je sentais qu’il pouvait lui porter bonheur… et au final, la campagne participative s’est terminée avec un engagement des contributeurs à hauteur de 72 628 663 yens !… C’est fou !

Tu as lancé ta chaîne Twitch « LeJaponFr » il y a plusieurs mois… Pour quelles raisons et quel est le contenu que tu proposes ?

En fait, c’est Guigui qui m’a poussé à lancer cette chaîne ! Il pensait que j’avais quelque chose de différent à proposer grâce notamment à mon expérience de guide.
Je stream la plupart du temps de mon garage/café pour les émissions « Japon Café » qui ont lieu dans la nuit en France ; je propose aussi des live balades dans les rues de Tokyo, de Yokohama, et parfois pendant mes reportages photos à travers le Japon.

© David Michaud / Chaine Twitch LeJaponFR

Cette chaîne compense mon manque de Tokyo Safari ! Je suis très content de ces moments de partage avec mes abonnés. J’aimais échanger avec mes clients qui avaient tous des profils différents. Certains étaient même des scientifiques et des chercheurs ; j’ai beaucoup appris auprès d’eux. Je ne suis pas un expert mais je propose des sujets variés lors de mes émissions, ce sont des discussions de comptoir comme on peut en trouver dans un café !

J’ai même donné envie à certains de boire du (bon) café et de faire du Latte Art !
Cette chaîne me permet aussi de parler du magazine photo GOKAN et de lancer des conversations sur les spécificités des différentes régions du Japon que nous traitons dans notre revue.

Tu habites à Yokohama, près de Tokyo. Tu n’as jamais eu envie de t’éloigner pour vivre plus proche de la campagne ?

Je suis un enfant de la campagne et j’adore ce contact que l’on peut avoir avec la nature au Japon. Il y a cette spiritualité qui me parle.
Malheureusement, la campagne japonaise est en train de mourir. Les maisons abandonnées ont toutes été rasées sans être remplacées, ce qui dénature complètement les paysages. Et les villages se vident de ses habitants car il n’y a aucune attractivité ni aucune dynamique… Avec le tourisme, il pouvait y avoir un espoir mais les frontières sont fermées depuis déjà deux ans !

Te sens-tu bien intégré dans cette société japonaise ? Et ressens-tu parfois le mal du pays ?

J’apprécie ma vie ici mais il me manque des amitiés fortes, des gens sur qui je peux compter, comme je pouvais avoir en France.

J’appréhende aussi de vieillir ici… par exemple, dans mon quartier qui est très résidentiel à Yokohama, je m’entends bien avec mes voisins et j’ai créé des contacts avec les parents des enfants qui viennent souvent jouer avec mon fils dans mon « café ». Mais en vieillissant, ce lien risque de disparaître (mes enfants partant vivre leur vie) et les gens ne se parleront plus !… Il y a aussi en France, une solidarité dans l’adversité que l’on ne trouve pas vraiment au Japon, qui est plus une solidarité communautaire lié à un ordre établit.

Malgré tout, je ne me vois pas revenir vivre en France pour le moment, car ma vie au Japon me convient bien. On a une certaine tranquillité d’esprit et un sentiment de sécurité notamment par rapport aux enfants.

Comment la ville de Tokyo a-t-elle évolué depuis ton arrivée ? Et quels sont tes lieux préférés ?

J’ai l’impression d’avoir vécu cent ans dans cette ville ! Elle s’est considérablement métamorphosée depuis mon premier voyage.
Avant le tremblement de terre de 2011, c’était une ville avec des néons partout ! Pour économiser l’énergie, les néons ont disparus. De nombreuses structures n’ont pas résisté au séisme (principalement fissurées, mais aucune ne s’est écroulée), beaucoup de vieux bâtiments ont été détruits et de nouvelles règles de construction sont apparues.

Mais la pandémie est à l’origine du pire changement que la ville ait subi car tous les petits commerces sont en train de disparaître. Je vois les boutiques tenues par les « petits vieux » fermer les unes après les autres, notamment dans le quartier de Sugamo que j’aime beaucoup. Même les magasins « branchés » d’Harajuku sont touchés. Ce quartier se transforme en quartier chic comme celui d’Omotesando, avec IKEA qui s’impose en force…
Les promoteurs immobiliers profitent de la situation pour récupérer tous les terrains des commerçants en difficulté, et y construisent de grands immeubles à la place.

Sur l’île de Tsukishima qui est aussi un lieu que j’affectionne, on peut trouver des maisons centenaires qui avaient été préservées des bombardements de la Seconde Guerre Mondiale mais malheureusement elles disparaissent petit à petit…

Dans ma ville de Yokohama, j’aime beaucoup le quartier de China Town qui devrait plutôt s’appeler Taïwan Town car il y a plus de Taïwanais que de Chinois ! J’aime également le côté portuaire qui est magnifique. Ce quartier se transforme mais la ville essaye de le préserver.
Dans le quartier historique occidental de Yamate, certaines maisons anciennes en bois sont heureusement protégées et il est très agréable de s’y promener.

Merci beaucoup David pour ce témoignage ! A bientôt à Tokyo et à Yokohama !

Vous pouvez retrouver David sur internet et les réseaux sociaux :

Sites internet : lejapon.fr | Tokyo Safari

Chaîne Twitch : https://www.twitch.tv/lejaponfr?lang=fr

Gokan Magazine : Site internet : gokanmag.com | Instagram : gokanmag | Twitter : @gokanmag | Facebook : gokanmag

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