Née en Vendée aux Sables-d’Olonne il y a 42 ans dans une famille plutôt sédentaire, Sandra n’était pas destinée à voyager et à vivre à des milliers de kilomètres de sa région natale. Pourtant, accompagnée de son mari et de ses deux fils, c’est en 2016 qu’elle concrétise son rêve de venir habiter au Japon. Depuis six ans, Sandra profite ainsi de son temps libre pour arpenter l’archipel à la recherche de régions méconnues qu’elle fait aujourd’hui découvrir sur sa chaîne YouTube « Tanoshi Tokyo ». Dans cet entretien, elle nous en dit plus sur sa chaîne, sa dernière vidéo ainsi que sur sa vie à Tokyo…
Sandra, avec ton mari, vous avez mis plusieurs années à concrétiser votre projet de venir habiter au Japon…. Peux-tu nous parler de votre arrivée à Tokyo et de votre situation professionnelle aujourd’hui ?
Effectivement, nous avions depuis très longtemps envie de vivre au Japon, un pays que nous avions adoré visiter lors d’un voyage en 2002. Et nous avons mis treize ans pour concrétiser ce projet !
En 2016, mon mari a ainsi eu l’opportunité de venir travailler à l’Ambassade de France à Tokyo pour un contrat de quatre ans non renouvelable. De mon côté, j’avais trouvé un emploi de professeur au Lycée Français de Tokyo.
Nous sommes restés quelques années dans le milieu des expatriés Français de Tokyo un peu à cause de nos emplois respectifs. Nous étions entourés de Français au quotidien, et même si tout se passait bien, ce n’était pas du tout ce que nous étions venus chercher ! J’avais envie d’être plus en contact avec les Japonais, de m’imprégner de leur culture et de pouvoir parler la langue.
Mon mari a finalement trouvé un emploi dans une entreprise privée et de mon côté, j’ai décidé de changer de carrière : j’ai repris des études et je me suis mise sérieusement à apprendre le japonais. J’ai effectué un stage dans une entreprise française où j’ai finalement été embauchée. Aujourd’hui, je ne travaille presque qu’avec des Japonais. Je ne suis pas bilingue mais mon niveau de japonais me suffit pour travailler dans cette entreprise.
Comment t’es venue l’idée de créer ta chaîne Youtube « Tanoshi Tokyo » ?
Mon mari avait plusieurs blogs en France, et en arrivant au Japon, on a tout naturellement créé un nouveau blog qui s’appelle Tanoshi Tokyo.
De mon côté, j’avais envie de me lancer un nouveau défi et de sortir de ma zone de confort. J’avais d’ailleurs proposé à mes enfants qui ont 12 et 16 ans de faire des vidéos sur le Japon mais ils n’étaient pas du tout intéressés !
Du coup, je me suis lancée et je me suis rendu compte qu’il y avait de nombreux endroits méconnus qui ne sont pas dans les guides et dont personne ne parle… à part le Youtubeur Ichiban Japan. J’aime beaucoup sa chaîne car justement il montre des lieux que généralement les gens ne connaissent pas et ne vont pas visiter.
Comment prépares-tu tes vidéos ? Et quelles sont tes contraintes ?
Je prépare mes visites en amont, je me renseigne notamment sur les spécificités végétales de chaque région que je vais visiter. J’ai une formation en biologie et en géologie donc je m’intéresse beaucoup à la nature et à la campagne japonaise.
Concernant l’histoire des lieux, je suis néophyte et j’essaie de prendre toutes les informations disponibles, sur internet ou auprès d’amis.
En travaillant en parallèle, ce n’est pas toujours évident de trouver du temps pour préparer et effectuer ces visites. Alors je prends ce temps sur mes week-ends et sur le peu de jours de congés payés que nous avons (20 jours par an).
Tu viens de publier ta dernière vidéo consacrée à l’île d’Oshima. Peux-tu nous dire comment tu as connu cette île et quelle est sa particularité ?
C’est une amie qui, au hasard d’une conversation, m’a parlé de l’huile de camélia pour ses vertus émollientes. Je ne connaissais pas cette huile fabriquée sur l’île méconnue d’Oshima, située à deux heures de Tokyo en bateau.
En faisant des recherches, j’ai vu qu’Oshima était une île volcanique réputée pour ses camélias et que l’on pouvait notamment assister à un atelier de production d’huile.
Je voulais m’y rendre depuis un moment, j’ai donc profité de cette visite pour tourner une vidéo.
J’ai eu de la chance car le jour où j’ai tourné la vidéo, il neigeait sur Oshima alors qu’en général il ne neige jamais sur cette île !

Tu as participé dernièrement à un séminaire de l’Office du Tourisme japonais et tu as été sélectionnée pour produire des vidéos sur le Japon… Peux-tu nous en dire plus ?
J’ai été sélectionnée par la JNTO (Japan National Travel Organisation) parmi 200 candidats étrangers. Le but de cette organisation est de promouvoir le Japon par l’intermédiaire des étrangers.
Avec les autres étrangers, on a formé un petit groupe pour s’entraider et collaborer pour que chacun puisse développer sa chaîne.
On a été coaché lors de séminaires en ligne par une Youtubeuse néo-zélandaise d’origine japonaise « internationally ME » qui a 270 000 abonnés et qui fait partie du jury. Elle nous a donné plusieurs conseils techniques pour améliorer notre chaîne.
Nous avions deux semaines pour présenter une vidéo qui fasse découvrir le Japon avec un budget de 20 000 yens. J’ai donc présenté ma dernière vidéo consacrée à l’île d’Oshima…
Quel était le profil des candidats recherchés ?
Ils ne souhaitaient pas de Youtubeurs professionnels. Ils recherchaient aussi des personnes qui se trouvent vraiment sur place et qui mettent en avant des régions peu visitées de l’archipel.
Que penses-tu du contenu sur le Japon proposé par les « influenceurs » Français ?
Je trouve que malheureusement les blogueurs/Youtubeurs/influenceurs qui communiquent sur le Japon et qui ont le plus de succès, sont en majorité des hommes.
Si on met Ichiban Japan de côté, les hommes ont beaucoup plus de visibilité alors qu’à mon avis, les femmes proposent des contenus plus qualificatifs, axés sur l’histoire et la culture japonaise et n’ont pas le succès qu’elles méritent. Je l’ai surtout remarqué sur Instagram. Je pense à Bene no Fukuoka ou Elsa In Japan mais il y en a beaucoup d’autres…
Comment souhaites-tu faire évoluer ta chaîne ?
Dans mes prochaines vidéos, je souhaiterais en profiter pour mettre les femmes à l’honneur. J’ai d’ailleurs contacté Émilie de Fukushima que tu avais interviewée l’année dernière car je souhaiterais faire une vidéo sur cette région.
Quel message souhaites-tu envoyer aux Gaikokujin qui ont le projet de venir un jour vivre au Japon ?
Je pense qu’en préparant bien son projet de vie au Japon, c’est vraiment possible de réussir à le concrétiser. Il ne faut pas se décourager. Certains résidents étrangers -qui ont d’ailleurs réussi ici- vous diront que ce n’est pas possible, que ce n’est pas donné à tout le monde, mais il ne faut rien lâcher !
Je n’ai vraiment aucun regret, la vie japonaise m’a permis de me dépasser, de sortir de ma zone de confort et si c’était à refaire, je le referais sans hésiter !
Pour finir, quel est l’endroit sur l’archipel que tu conseillerais aux futurs voyageurs ?
L’île de Shikoku ! Elle se situe au sud du Japon, il y fait chaud et il y a beaucoup d’espace avec de magnifiques sites naturels et culturels… et les habitants sont très accessibles et ouverts. Et pourtant cette île est très peu connue et visitée !

J’ai un message pour les futurs voyageurs : éloignez-vous des sites touristiques, allez à la découverte de tous ces lieux moins connus, et soutenez les artisans et commerçants locaux !
Merci Sandra pour cet échange, je te souhaite beaucoup de succès avec ta chaîne ! A bientôt à Tokyo !

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