Rien ne prédestinait Jud aujourd’hui graphiste à Hiroshima, à vivre au Japon. Sa rencontre avec un groupe de Japonais et son coup de coeur pour ce pays dont elle ignorait tout, a changé sa vie. A travers cet échange, elle nous raconte son aventure passionnante au pays du soleil levant.
Jud, peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
Je m’appelle Judith Cotelle mais on m’appelle Jud ou Judi, j’ai 42 ans et je viens de Villefranche-sur-Saône près de Lyon.
J’ai un bac Littéraire avec option Arts Plastiques et Anglais renforcé, et j’aurai aimé me diriger vers les Beaux-Arts, la photo ou le journalisme, mais mes parents n’étaient pas vraiment pour.
Je me suis donc rabattue vers les Sciences du langage -qui me passionnaient et me passionnent toujours-. J’ai passé ma première année de DEUG à Lyon, et ma deuxième année ainsi que ma licence à Aix-en-Provence.
Puis, j’ai eu envie de me réorienter vers une licence de CMOPC – Conception et Mise en Oeuvre de Projets Culturels – mais il fallait obligatoirement un DEUG d’économie, de droit ou d’administration économique et sociale pour y accéder. J’avais réussi à m’inscrire directement en deuxième année d’économie, mais cela ne m’a vraiment pas plu.
J’ai abandonné et commencé à faire des petits boulots le temps de réfléchir, j’ai même été professeure de français remplaçante en collège pendant quatre mois, une expérience horrible ! Puis, j’ai profité d’une période de chômage pour m’inscrire à une formation en graphisme en 2001.
A l’issue d’un stage, j’ai immédiatement trouvé du boulot dans un studio de graphisme d’Aix-en-Provence. Mais un an plus tard, lorsqu’il a fait faillite, je me suis retrouvée dans la galère pour plusieurs années : chômage, interim, RMI, petits CDD et travail non déclaré…
Puis en 2006, deux ans après une formation plus orientée web, j’ai enfin retrouvé un CDI dans une boîte de créations de sites à Marseille.
Et l’année suivante, à 28 ans… je suis partie m’installer au Japon !
Pourquoi es-tu venue vivre au Japon ?
Ce n’était pas du tout prévu. Je suis partie sur un coup de tête mais j’avais quand même 4 000 euros sur mon compte en banque, qui était la somme demandée pour s’installer au Japon…
Je ne m’intéressais pas au Japon à la base. Mon rêve était de m’installer en Espagne !
L’un de mes amis allait souvent à Hiroshima car il s’était lié d’amitié avec une bande de japonais DJs qui venaient aussi lui rendre visite chez lui à Marseille.
En 2005, d’autres amis ont passé un mois à Hiroshima avec lui, et leurs photos ainsi que leurs récits sur leur séjour là-bas étaient délirants. On était loin de l’image austère, rigide et ennuyeuse que je me faisais du pays.
L’année d’après, j’ai rencontré une partie de la bande de Japonais à Marseille et je m’étais très bien entendu avec eux.
Quelques mois plus tard, je passais trois semaines à Hiroshima.
J’ai eu le coup de cœur immédiat ! J’ai rencontré plein de gens géniaux qui sont toujours mes amis aujourd’hui.
J’ai adoré leur manière de s’amuser : les « izakayas » et le « hashigo » toute la soirée (enchaînement de restos et bars), les barbecues à la plage ou à la rivière. Je n’avais plus envie de rentrer !
Lors de ma dernière soirée, j’avais assisté à une petite fête avec les gens que j’avais rencontré pendant ce séjour, et avant de partir, je leur avais dit – en plaisantant à moitié – que je reviendrai vivre à Hiroshima l’année suivante.
A mon retour en France, je m’étais renseignée et j’avais découvert l’existence du Working Holiday Visa (PVT). Et en 2007, dix mois après mon premier voyage, j’étais de retour à Hiroshima pour m’y installer.
Je ne devais y rester qu’une année, mais finalement j’y vis depuis presque quinze ans !
Tu n’as donc pas eu de difficultés pour t’intégrer ?
Absolument pas puisqu’il y avait cette bande de copains Japonais que j’avais rencontré l’été précédent, sur lesquels j’ai réellement pu compter. Certains sont devenus de vrais amis, d’autres sont restés juste des potes.
Evidemment, une fois passée l’excitation des premiers jours du “retour de la copine de vacances”, il a fallu que je fasse des efforts, que je ne me contente pas d’attendre que l’on me sollicite. Il a aussi fallu que j’apprenne la langue.
Au bout de trois mois, je me suis installée en colocation avec deux copines japonaises. Même si je ne connaissais quasiment rien au Japon et à la culture japonaise en arrivant (il y avait peu de blogs ou de contenu YouTube à l’époque), j’ai rapidement été en immersion totale.
J’ai commis beaucoup d’erreurs, mais j’étais entourée de personnes bienveillantes qui m’expliquaient patiemment comment les choses fonctionnent.
Au niveau emploi ou logement, j’ai eu aussi beaucoup de facilités : je n’ai jamais eu à faire de recherche ni à envoyer de CV. A chaque fois, on m’a mise en relation directement avec les bonnes personnes.
De quelle manière as-tu appris à parler japonais ?
En autodidacte, avec des livres. Mais au début, j’ai surtout appris le japonais oral à force de discuter avec les Japonais.
A un moment donné, j’ai quand même dû me mettre à apprendre la grammaire, les Kana et Kanjis pour préparer le test d’aptitude JLPT. J’allais au centre d’apprentissage Kumon où l’on recevait des cahiers d’exercices ensuite corrigés par les instructeurs.
Peux-tu nous parler de ton activité professionnelle ?
Je suis graphiste freelance orientée print ; je fais surtout de l’identité visuelle et du packaging, et un peu de book design. Je travaille en freelance depuis janvier 2019.
J’ai quelques clients japonais à Hiroshima, dont une agence avec laquelle j’ai un contrat mensuel, mais aussi beaucoup de demandes venant d’étrangers vivant au Japon. Depuis un an, j’ai aussi des demandes venant de France et des USA principalement.
On fait très généralement appel à moi pour des projets en rapport avec le Japon, mais j’ai aussi quelques demandes sans lien avec ce thème : je travaille actuellement sur le redesign du logo et des packagings d’une marque de produits à base de CBD pour une entreprise américano-irlandaise.
Quand je suis arrivée au Japon, j’étais également freelance, mais inscrite à la Maison des Artistes en France. Je travaillais avec des clients en France, et principalement avec l’entreprise qui m’employait avant mon départ.
Je ne faisais pas cela de manière très sérieuse à l’époque, étant bien plus occupée à profiter de ma nouvelle vie au Japon. Je travaillais en parallèle dans une petite école de langue, mais seulement quelques heures par semaine. Cela me permettait de passer du temps avec mes nouveaux amis japonais qui étaient nombreux à travailler le soir, donc libres en journée.
De 2011 à 2013, j’ai travaillé à la promotion touristique de l’île de Miyajima. Une de mes plus importantes missions a été de refaire entièrement leur site. Je devais aussi parfois réaliser des brochures, et on m’envoyait de temps en temps à l’étranger pour participer à des salons, rencontrer des agences de voyage (Los Angeles, New York, Paris, Séoul, Yokohama).
Ensuite, j’ai décroché un emploi de graphiste dans un studio d’Hiroshima et j’y suis restée 6 ans ; ce fut mon expérience professionnelle la plus enrichissante, tant sur le plan humain que professionnel. On est toujours très amis avec le patron ; on est même parti quelques jours en vacances ensemble à Bangkok avec deux autres amis l’année dernière !
Quelles sont d’après toi tes meilleures réalisations en tant que graphiste ?
Celle du restaurant Kisuke situé dans un quartier animé d’Hiroshima, qui sert principalement une cuisine traditionnelle washoku (sashimi, oden, poisson grillé, viande et fruits de mer, tempura, udon, nabe, etc).
J’ai réalisé toute l’identité visuelle du restaurant (ainsi que le kanji de leur logo).
Plus récemment, je suis aussi très contente d’une réalisation faite pour une cliente française, propriétaire de la boutique en ligne « Autour du Japon » qui réunit des créateurs japonais et français proposant des articles dans l’esprit et l’univers du Japon.
Cartes de visites pour le restaurant Kisuke Sac pour la boutique Autour du Japon
Tu as aussi collaboré au livre de Jordy Meow « Les Villages du Japon »… Peux-tu nous en dire plus ?
Avec Jordy Meow, on s’est d’abord connu sur Twitter puis sur son groupe Facebook consacré à la carte collaborative Jipangu.fr. C’est donc assez naturellement qu’il est venu vers moi lorsqu’il cherchait un ou une graphiste pour réaliser la mise en page de son nouveau livre sur Les Villages du Japon. On avait aussi une amie en commun, l’illustratrice Joranne, qui a également participé au livre. Peu avant le début du projet, on s’était rencontré sur Hiroshima où on avait passé une très bonne soirée, ce qui laissait présager une collaboration plutôt agréable.
Mon rôle a donc consisté à réaliser la mise en page du livre, à traiter avec Joranne pour la partie illustration, et à motiver les troupes aussi ! Car lorsque j’ai commencé à travailler sur le livre, Jordy n’avait pas encore entamé la rédaction des textes.
La pandémie Covid-19 a t-elle eu un impact sur ton activité ?
Oui pendant la première moitié de l’année 2020 : c’était le calme plat. Deux de mes clients principaux ont été durement touchés et ne m’ont quasiment plus confiés aucun travail.
L’activité est reparti dès l’Été avec une nouvelle clientèle, et ça marche plutôt bien depuis.
On a heureusement perçu des aides de l’état : 100,000 yens pour une grande majorité de personnes vivant au Japon, 1,000,000 yens pour les auto-entrepreneurs et petites entreprises ayant eu une baisse de chiffre d’affaire de 50% sur au moins un mois de l’année, et des emprunts “spécial Covid” à taux 0 qui m’ont permis de surmonter cette période.
Pourquoi avoir choisi de vivre à Hiroshima ?
C’était une évidence. Je connaissais déjà la ville et j’y connaissais des gens, donc la question ne s’est pas posée.
Lors de mon premier voyage, j’avais aussi passé quelques jours à Tokyo et je n’avais pas du tout accroché à ce moment-là, tandis qu’à Hiroshima j’avais ressenti quelque chose de familier en venant de Marseille, de plus « funky ».
Depuis, je suis retournée plusieurs fois à Tokyo, et je me suis rapidement mise à adorer cette ville, où j’ai été guidé à chaque fois par des amis japonais. C’est aussi là que la famille de mon compagnon habite. Mais y vivre ne me fait absolument pas envie.
Hiroshima est une ville à taille humaine, où il est facile de se voir facilement sans avoir besoin de prendre rendez-vous à l’avance.
Les gens ont souvent toute leur famille sur place. J’ai donc eu l’occasion de rencontrer les parents, et même les grands-parents de mes amis. C’est très appréciable de se sentir intégrée de cette façon.
Quels conseils donnerais-tu à des Français qui veulent s’installer au Japon ?
Je ne me sens pas particulièrement légitime à donner des conseils étant moi-même partie complètement « à l’arrache » sans rien préparer, en ne parlant que quelques mots de japonais et en ne connaissant rien de la culture du pays !
Ceci dit, quand je lis le quotidien des autres Français installés au Japon, sur Twitter notamment, j’ai l’impression que beaucoup sont insatisfaits ou déçus de leur vie ici.
Je leur conseillerai donc d’abord de prévoir d’autres plans, de ne pas tout miser sur cette installation au Japon au cas où le pays ne leur conviendrait pas…
Et peut-être aussi de mettre de côté toute idée préconçue – négative comme positive -, de ne pas immédiatement céder à la facilité de s’enfermer dans une bulle de résidents étrangers déjà blasés qui risque de les influencer et de leur donner l’impression que toutes les portes sont fermées si on est étranger (difficultés de se faire des amis japonais, de trouver un logement, un emploi, l’obtention d’une carte bancaire…), et d’être exposé à de vieux mythes largement exagérés tels que « on ne peut pas aller au onsen ou au sento si on est tatoué » !
Il faut rester curieux et ouvert, et garder en tête que l’on n’est ni obligé de se “tatamiser”, ni de rester dans une “bulle gaijin-expat ». Les Japonais sont aussi tous très différents tout comme les Français, malgré les clichés et les généralisations tenaces.
As-tu parfois le mal du pays ? Qu’est-ce qui te manque le plus ?
Je l’ai eu par moment pendant la deuxième et troisième année, mais plus vraiment depuis. J’ai fait en sorte de me créer un environnement qui me convient ici.
Je ne pourrai pas bosser dans une entreprise typique avec hiérarchie rigide, vieilles méthodes et heures supplémentaires juste pour conserver mon visa par exemple, et je ne serai pas restée si je n’avais pas rencontré des personnes avec qui je me sens sur la même longueur d’onde.
J’ai aussi rapidement pris l’habitude de m’attarder plus sur les choses que je pouvais avoir ici plutôt que sur celles qui me manquaient de mon pays ; j’ai arrêté de comparer en permanence.
En dehors de la famille, ce qui me manque le plus ce sont les longues journées d’Été (il fait nuit à 19h30 maximum) et les terrasses, qui sont rares au Japon ! Ainsi que quelques aliments mais par rapport à y a 15 ans, on peut quasiment tout trouver maintenant.
Quel bilan fais-tu de tes années passées au Japon ?
Y a eu des hauts et des bas comme dans toute vie, mais un bilan vraiment positif dans l’ensemble !
Je n’ai pas énormément eu à faire de compromis. J’ai réussi à rester moi-même dans une culture complètement différente, ce qui est le principal pour une personne comme moi qui n’aime pas se forcer et qui fait tout pour éviter les choses contraignantes et contrariantes !
J’ai rencontré beaucoup de gens géniaux, que ce soit dans le privé ou au niveau professionnel. On partage les mêmes valeurs et les mêmes goûts pour plein de choses avec le directeur créatif de l’agence d’Hiroshima avec laquelle je travaille, et comme il m’emploie parfois pour de la photo, j’ai pu découvrir de manière privilégiée des milieux très intéressants : les brasseries de saké de la préfecture d’Hiroshima, le marché de poisson nocturne réservé aux professionnels, un producteur de bonsaïs existant depuis l’ère Edo…
J’ai découvert et appris à apprécier des choses que je ne connaissais pas en France : le saké, la cuisine washoku, les onsens, les ryokan, les petits bouis-bouis de mamies bavardes et drôles, les matsuri, les soirées « nabe » chez les uns et les autres, le sanshin (un instrument à cordes d’Okinawa, que je pratique de manière autodidacte)…

Concernant ma carrière, ma dernière expérience professionnelle avant d’être à mon compte m’a vraiment servi de tremplin. Elle m’a donné l’occasion de me constituer un joli portfolio qui me permet aujourd’hui d’être fréquemment publiée dans des livres de graphisme internationaux et de trouver des clients et des projets intéressants.
Peux tu nous parler de ton blog « Jud à Hiroshima » ?
J’avais de grandes ambitions à la base ! Mais je n’ai pas pu m’y consacrer autant que je le souhaitais.
J’avais un autre blog de 2007 à 2011, démarré dès mon premier jour de vie au Japon, avec des photos horribles et des textes très mal écrits, et qui ressemblait plus à un journal quotidien ou à ce que l’on posterait de nos jours sur son compte Instagram ou Facebook : http://jud-hiroshima.over-blog.com/
Puis en 2014, j’ai eu envie de faire quelque chose de plus travaillé, moins personnel, pour parler d’aspects moins connus d’Hiroshima, du « deep Hiroshima » (les lieux typiques mais seulement connus des gens sur place, un peu originaux) et des gens qui y vivent.
J’ai fait quelques interviews de Japonais parce que j’ai l’impression que souvent sur les blogs on parle du Japon sans les Japonais, en les gardant à l’écart, en les observant de loin, parfois même avec pas mal de mépris. Je pensais ainsi un peu briser quelques préjugés et mettre en avant des personnes qui me semblaient intéressantes. Mais cela prend énormément de temps. J’aimerais vraiment m’y remettre cependant.
Pour résumer, j’essaie de parler des choses qui m’intéressent et me font vibrer : tout ce qui a rapport à la nourriture, au Japon rétro, aux cultures underground entre autres.
As-tu d’autres projets ?
Pour l’instant, j’essaie surtout de me concentrer sur mon activité de graphiste freelance pour pouvoir ne travailler que sur des projets qui me plaisent vraiment en identité visuelle et branding / packaging. Je suis aussi en pleine réflexion sur la version 2 de mon site professionnel et sur mon positionnement.
Je prévois de refaire des photos plus professionnelles pour certains projets de mon portfolio. Donc tout cela me prend énormément de temps.
Mais j’apprends la photo en autodidacte depuis quelques années, et j’aimerais bien un jour en faire quelque chose même si c’est encore flou.
Quels sont tes endroits préférés au Japon et plus particulièrement à Hiroshima ?
J’adore la mer, le sud, la chaleur, le soleil et les ambiances décontractées, donc je dirais Ishigaki et les îles Yaeyama en premier, puis Shikoku et Kyushu.
J’aurais certainement du mal à vivre ailleurs qu’en ville, mais j’aime aussi beaucoup m’évader à la campagne, dans la nature, et on fait pas mal de randonnées en montagne ou de camping depuis l’année dernière avec mon compagnon.
La région du Mont Daisen (préfecture de Tottori) où nous allons souvent avec sa famille me plait beaucoup.

Pour les grandes villes c’est Tokyo (Koenji, Sangenjaya, …), Fukuoka, et je suis très attirée par Osaka que malheureusement je ne connais pas encore suffisamment.
L’Été avec mes amis, on a coutume d’aller sur les plages de la mer du Japon, à Hamada (dans la préfecture de Shimane). Chaque année, ça me rappelle mon enfance, quand on prenait la fameuse “autoroute du soleil”.
A Hiroshima, j’aime beaucoup le Temple Mitaki, un temple Shingon assez mystique constitué de plusieurs pavillons et de nombreuses statuettes dispersées dans une forêt perchée sur une colline, le quartier mi-Showa mi-moderne d’Osuga (aussi appelé Eki-Nishi), celui de Yokogawa, les petites îles parfois désertes où on peut aller en bateau privé, et évidemment Nagarekawa / Yagenbori : le quartier le plus animé d’Hiroshima le soir.
Plus largement dans la préfecture, j’adore les gorges de Sandankyo, la ville très poétique d’Onomichi, et le petit village de pêcheurs plein de nostalgie de Tomo-no-Ura.
Merci Jud pour ce témoignage très inspirant. A bientôt à Hiroshima !
Vous pouvez retrouver Jud sur internet et les réseaux sociaux :
Site internet professionnel : https://judi-design.jp/
Blog : https://www.jud-hiroshima.com
Facebook : https://www.facebook.com/judhiroshima/
Twitter : @JudiDesignJapan
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